Érosion côtière : les prix de l’immobilier sur le littoral résistent

Actualités | 23 mars 2023

L'intérêt pour le bord de mer plus puissant que le recul du trait de côte

Eugénie Cazaux, géographe à l’Université de Bretagne occidentale, a commencé à s’intéresser à l’érosion côtière en 2015-2016, lorsqu’elle travaillait pour le Bureau des risques inondation et littoraux au ministère de l’Écologie.

C’est lors de cette mission qu’elle a découvert l’immeuble Le Signal à Soulac-sur-Mer (Gironde), menacé par la montée des eaux. Elle ajoute que même après avoir appris cela, des gens ont acheté des appartements à prix fort jusqu’en 2011-2012. L’immeuble a finalement été évacué en janvier 2014 et détruit en février 2023.

Selon Eugénie Cazaux, les avantages de la vie en bord de mer sont tellement grands que certains sont prêts à prendre le risque malgré les dangers évidents.

L’immobilier sur le littoral : un « achat plaisir »

Afin de vérifier cette intuition, la géographe a étudié l’ensemble de base de données nationales des transactions foncières immobilières réalisées entre 2010 et 2016, dans le cadre de sa thèse, soutenue en octobre 2022.

Elle a ensuite comparé ces données aux cartes de risques d’érosion côtière et de submersion marine. Elle a ensuite complété ses recherches par des entretiens avec des agents immobiliers, élus et responsables de collectivités locales.

La chercheuse a identifié des profils d’acheteurs prêts à acquérir « des biens immobiliers menacés à très court terme par l’érosion ».

Ces personnes sont variées, allant des investisseurs qui cherchent à louer leur propriété à court terme et qui « sont sûrs de récupérer leur investissement rapidement« , aux retraités qui cherchent à réaliser leur rêve d’une vie en bord de mer. Il y a aussi des acheteurs plus aisés qui « achètent sur un coup de tête », ajoute-t-elle.

« Il y a un grand écart entre l’offre et la demande sur le littoral. Si un acheteur se retire, il y en a dix autres prêts à acheter au même prix », ajoute-t-elle. Les acheteurs ont tendance à minimiser le risque et « prennent leur temps » pour trouver la propriété qui leur convient.

« On a une grande partie de la clientèle qui achète en toute connaissance de cause. Ils disent: ça va être inondé dans 30 ou 40 ans, peu importe, on achète quand même« , explique-t-elle.

Ces achats sont souvent motivés par le plaisir plutôt que par une perspective d’investissement, et les prix peuvent atteindre jusqu’à 3 millions d’euros.

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Pas d’impact de la tempête Xynthia sur l’immobilier

Même après la tragédie causée par la tempête Xynthia en février 2010, qui a fait 53 morts, les prix de l’immobilier dans les zones touchées de Charente-Maritime n’ont pas baissé.

Eugénie Cazaux n’a pas réussi à trouver d’influence de la tempête sur les prix de l’immobilier. Selon elle, le désir d’être près de la mer reste plus fort. Certains quartiers touchés par la tempête ont même gagné en popularité après les travaux de reconstruction.

 

Erosion côtière : la question des indemnisations futures

Le maintien des prix élevés dans des zones menacées à long terme par le réchauffement climatique soulève la question des indemnisations futures.

Si une submersion marine se produit, le régime de « Catastrophe naturelle », financé par chaque Français via son assurance habitation, prendra en charge les réparations.

Dans d’autres cas, des fonds publics peuvent être utilisés. Les copropriétaires du Signal ont par exemple été indemnisés par l’État à hauteur de 70% de la valeur de leur logement, qui était devenue négative.

Cela peut créer un précédent et empêcher l’émergence d’une culture de la responsabilité chez les résidents du littoral, estime la chercheuse.

 

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